octobre 20

5 expériences artistiques et méditatives

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logo-croisee-des-blogs100Pour cette croisée des blog auquel le rédacteur du site : http://www.techniquesdemeditation.com/ m’a gentiment convié, je souhaite partager avec vous quelques lignes sur des expériences et découvertes qui m’ont intrigué, questionné, interpelé, touché. Cela va d’un séjour à un monastère à un tableau qui efface tout ce qui est inscrit, d’un enregistreur de mouvement oculaire, de dessiner avec sa respiration etc. Voici donc quelques pratiques qui vont obliger à redéfinir les frontières du dessin.

 

 

Expérience 1 : Dessiner dans un monastère

Le dessin est le plus vieil art du monde et pourtant il n’a eu de cesse de se développer, de prendre plusieurs formes. C’est d’autant plus vrai que sur la scène artistique actuelle, les artistes se sont remis à l’explorer cette activité.

Ça a commencé avec des mains sur lesquelles étaient déposées de la matière, qui étaient ensuite appliquées sur les murs d’une grotte. Au fil du temps cet art n’a eu de cesse de se raffiner. Au temps où la photographie n’avait pas encore été inventé, c’est avec des croquis, des études, que les aventuriers, botanistes, voyageurs gardaient une trace de leur objet de réflexion.

Les images étaient sacrées au temps du moyen-âge, là où l’art de la lecture appartenait à un groupe d’érudits, les images servaient de pont pour véhiculer des idées et atteindre des personnes qui n’étaient pas initiées à la lecture.

Si vous vous intéressez à la méditation, alors vous avez peut être déjà fait (ou projetez de le faire) une retraite dans un monastère. En début d’année 2013 cela a été mon cas. Pour repartir sur des bases seines, je suis allé faire une retraite au village des pruniers en Dordogne, carnet de croquis en main et ordinateur sur off.

La recommandation était de se couper de toutes les sources de communication (internet, téléphone) et également de mettre à l’écart nos chers lecteurs mp3.

J’ai fait des croquis du lieu pendant cette retraite. Je le savais déjà mais le lien entre dessin et méditation m’a paru encore plus évident, un peu comme une lampe halogène dont on aurait levé la lumière.

J’ai donc souvent intercalé mes activités de pleine conscience avec des séances de dessin. Le premier avantage a été ces moments de recueillements, de régénération où j’étais isolés des autres et connecté à moi-même. Le second c’est d’être connu et reconnu comme le dessinateur du groupe. J’ai remarqué que plus notre identité et fonction était clair pour les autres, plus on se souvient de vous.

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Expérience 2 : Dessiner en pleine conscience

J’ai découvert il y a peu de temps le travail de John Franzen. Sa pratique relève en très grande partie de la méditation. Le matériel est réduit au plus simple, un feutre fin et une feuille de papier. Le protocole l’est tout autant et clairement défini : l’artiste trace une ligne dans la largeur de sa feuille de papier, en une fois et en une respiration.

Avec ce procédé, l’artiste allie le souffle au geste, marque de la vie et de l’instant. Il imprime avec concentration, minutie et patience des moments pleinement vécus sur une feuille blanche.

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Si son travail m’a interpelé, c’est parce que j’ai déjà essayé une pratique de ce type.

Je n’avais jamais trouvé la place pour mes compétences de dessin dans ma pratique artistique universitaire mais une unique fois j’ai utilisé un dessin abstrait fait au fusain qui m’a valu une assez bonne note Clignement d'œil.

La première chose que j’ai fait a été de disposer des masses au fusain sur un grand format (je ne me souviens plus exactement des dimensions mais la hauteur de la feuille s’approchait des 1m80) puis d’étaler ce fusain en faisant passer ma gomme en ligne droite dans la largeur du format. Ensuite j’ai divisé mon dessin en 3 feuilles pour obtenir un triptyque.

Pendant l’exécution, je me souviens d’une sensation de concentration et de vide à la fois qui m’a envahit.

Pour le résultat, on obtient des formes qui donnent l’impression de voir à travers un filet d’eau (une cascade). Les 3 pressions exercées sur la gomme donnent 3 dessins plus ou moins agressifs mais suggérant toujours du mystère et invite à la contemplation (j’ai l’impression en écrivant ces lignes d’écrire un argumentaire à remettre à mon professeur d’atelier).

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Expérience 3 : Dessiner et laisser disparaître

Voici un objet ludique qui permet une pratique artistique et méditative.

Dans une interview de Tim Ferris (l’auteur du livre la semaine de 4h), il présente un objet qui ressemble à une planche à dessin. L’objet s’appelle le Budha board. À l’instar des peintures et dessins fait avec des matériaux éphémères, l’objet invite à prendre le pinceau (rempli d’eau) pour y représenter ou écrire ce que l’on souhaite.

Le motif créé va petit à petit gagner en clarté, perdre ses contrastes, puis s’effacer entièrement, laissant le tableau vide comme si aucun dessin n’y avait été tracé.

Un objet qui permet de se familiariser avec l’impermanence des choses et apprendre à l’apprécier. Très utile pour les gens qui comme moi sont relativement matérialistes.

 

Expérience 4 : Dessiner et (essayer de) parler

Il y a une telle concentration fournie lorsque l’on dessine qu’il est très difficile de faire une autre chose en même temps. Je me souviens avoir eu de remarques de mes proches disant que j’écoutais un cd en boucle des heures durant lorsque je m’adonnais à mes séances de dessin. C’est à la fois vrai et faux, je suis tellement absorbé que je n’entends plus la musique.

Dessiner et parler en même temps est compliqué, comme le met en évidence Betty Edwards dans un livre (que toute personne passionnée de dessin devait avoir lu au moins une fois) intitulé « Dessiner grâce au cerveau droit ». L’auteure psychologue et artiste, propose un exercice pour mettre en évidence la permutation des fonctions du cerveau droit (créativité, spontanéité) vers l’hémisphère gauche (rationalité, communication) et vice versa.

Elle propose un exercice visant un reconstituer un profil en miroir d’un autre. La personne doit dessiner un profil et en citer les parties en même temps qu’elle les trace (prononcer « nez » lorsqu’elle dessine cette partie).

Cette opération ne pose pas de problème lorsqu’il s’agit de dessiner le premier profil. Par contre, lorsqu’il s’agit de dessiner un second profil en miroir (donc avoir un second visage qui fait face au premier) la personne avait soudain des difficultés à nommer ces membres.

Le dessin utilise des fonctions lourdes du cerveau et ce, presque simultanément. Des fonctions de repérage spatiales, de synthèse, des capacités visuo-motrices. Alors oui, malgré la simplicité apparente des gestes du dessinateur, ces derniers cachent toute une mécanique de réflexion qui permet difficilement de s’adonner à une autre activité en même temps.

 

Expérience 5 : Dessiner mentalement

Nous dessinons en permanence, tout le monde, tout le temps et pas seulement lorsque l’on est au téléphone à griffonner des formes géométriques sur un petit morceau de papier.

Voilà une invention qui va au moins vous interpeler, au mieux vous enthousiasmer. Michel Paysant s’est essayé à une expérience scientifique très intéressante dont il se fait le cobaye. Deux caméras ayant pour rôle de capter le mouvement oculaire faisaient face à l’artiste. Celui-ci regardait soit un objet soit son propre reflet dans un miroir.

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Pendant 4 minutes les caméras suivent le mouvement de ses yeux. Ces mouvements enregistrés sont par la suite reproduits sur ordinateur avec un logiciel graphique. En 4mn le visage apparait sur l’écran.

Voilà une manière de dessiner, sans crayon ni main. Le dessin étant vu après l’expérience, on ne le construit plus sur le schéma « d’essai-erreur » traditionnel comme je l’enseigne dans mes articles pour apprendre à dessiner un visage.

Ici il s’agit du dessin d’après observation d’un objet à proximité (reflet de l’artiste) mais des dessins d’après mémoire ont également été fait (qui hélas n’ont pas fait partie de l’exposition finale). Au lieu d’avoir un objet à observer, l’artiste se représente mentalement le visage de personnes connues ou des paysages visités.

Les yeux revisitent le visage ou le paysage et en font un dessin (proche d’une esquisse sans modelé). Mémoire et dessin, dessin et temps, inconscience et conscience, ne sont plus (au regard des résultats de ces expériences) des notions si séparées que ça.

Si la méditation et la pleine conscience sont des domaines qui vous intéresse, vous pouvez visiter le blog instigateur de l’évènement “à la croisée des blogs” en suivant l’un des deux liens ci-dessous :

http://www.techniquesdemeditation.com/croisee-blogs-edition-61/

http://www.techniquesdemeditation.com/

ainsi que le blog de référence en développement personnel :

http://developpementpersonnel.org/


Tags

dessin, méditation, pleine conscience, portrait


  • Je m’intéresse aussi au dessin et à la méditation et c’est le premier article que je vois qui fait le lien entre les 2. C’est très intéressant de découvrir toutes ces expériences ! Ca donne envie de creuser le sujet ! Le Budha board m’a bien intrigé 🙂 Merci beaucoup !

  • Ma retraite dans ce monastère m’a laissé un très bon souvenir ! Comme tu l’as lu cet article fait parti d’un évènement organisé par le blog techniquesdemeditation.com, n’hésites pas à leur faire signe pour participer à leur prochain article groupé 🙂

  • Je médite pas mal, et je dessine aussi, et j’avoue qu’en dessinant c’est encore plus facile pour moi de déconnecter mes pensées. C’est pour moi une vraie forme de méditation.
    Je suis très tentée aussi par une retraite au village des pruniers, peut être cet été.

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