J’écris cet article devant la porte 34 de l’aéroport de Toulouse Blagnac en attendant le vol 4076 pour Paris.
Si vous avez déjà été plongé dans le travail d’un long dessin, vous savez que lorsque l’on est occupé à rendre les petits détails et on ne voit pas le temps passer.
Le dessin est un processus sans fin de correction et d’affinage dont la durée est encore plus importante si on utilise la gomme. Voilà pourquoi il peut être utile de se fixer une limite pour cette activité.
On prend beaucoup de temps pour dessiner :
– d’un côté le plaisir de dessiner vient du fait que l’on ne cherche pas forcément à atteindre un but. On est dans notre bulle (le temps de dessiner, rien n’existe sinon le crayon la feuille et le modèle)
– d’un autre côté si il est si difficile de dessiner régulièrement c’est aussi parce que l’on ne sait pas vraiment combien de temps va nous prendre un dessin
Le risque de ne pas se rendre compte du temps qui passe et de ne pas obtenir de résultat concret à la fin de sa séance est de dessiner encore et encore pour finalement être lassé par notre œuvre.
C’est pour cela probablement que certains de mes lecteurs se posent la question “quand arrêter mon dessin ?”
On peut dessiner pour le plaisir de l’activité mais pour rester motivé mieux vaut atteindre un objectif concret de temps en temps (ce peut être de terminer un long dessin comme d’en faire un certain nombre chaque semaine).
Il n’y a pas un moment exact pour stopper son travail, il y a “des moments” qu’il faut savoir repérer. Trois pour être précis.
Les voici, il y a :
– L’esquisse, on utilise des lignes amples et un geste souple, le dessin est impersonnel, on cherche à transcrire une posture en quelques lignes, à mettre en place une structure plus que d’atteindre une ressemblance.
Le croquis, on commence à utiliser les hachures croisées, à voir les traits caractéristiques du personnage, la mise en place de quelques volumes et éventuellement de la répartition des ombres sous forme de lignes de surface. On reste dans un dessin très graphique.
Le dessin réaliste, le personnage est reconnaissable, le détails sont nets, il y a des effets de transparence et éventuellement de reflets. On est dans un dessin qui mime les textures.
Une fois que l’on sait ça, comment trouver le bon moment pour s’arrêter ?
Avant d’utiliser un nouveau geste.
Exemple, pour tracer une esquisse on utilise en général un geste ample, souple et peu appuyé.
L’’étape de l’esquisse se termine si l’on commence à diminuer l’amplitude de son geste et mettre plus de pression sur l’outil.
Au moment où l’on débute un travail de hachure croisée ou que l’on segmente les parties du dessin en formes géométriques on rentre dans le croquis.
Si après cela vous vous mettez à estomper le graphite avec votre pouce ou que vous dessiniez en petits cercles pour créer un dégradé à la texture uniforme, vous introduisez un nouveau geste et donc vous avez passé une étape, celle du dessin réaliste.
Une petite mise en garde cependant…
A chaque étape passée vous devez revoir la composition de votre dessin. Puisque vous venez d’introduire un élément il y a de fortes chances que la composition ne soit plus équilibrée.
Il faudra rendre votre composition à nouveau harmonieuse en utilisant la nouvelle technique à d’autres endroits de votre œuvre pour rétablir une certaine harmonie.
Vous pouvez vous arrêter à chaque étape (juste avant d’utiliser un nouveau geste)
ou
vous pouvez vous arrêter juste après avoir utilisé un nouveau geste (donc entre ces étapes en quelques sortes) mais vous devez d’abord voir si cela n’a pas déséquilibré votre composition.
Vous pouvez également utiliser le “non-finito” qui consiste à laisser délibérément visibles les étapes précédentes du dessin.
Une partie du dessin en esquisse, une partie en croquis et une autre plus poussée.
Petit exercice !
Prenez un modèle et faites en une esquisse avec de grandes lignes, puis commencez à détailler une partie de votre dessin et à lui donner du volume avec des formes élémentaires, ensuite réalisez le modelé sur une autre pour obtenir des textures les plus réalistes possibles.
Il faut que l’on puisse voir clairement distinguer la partie esquisse, croquis et dessin réaliste.
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