Voilà une pratique bien difficile pour les débutants mais qui a le mérite de rendre une séance de croquis moins routinière. Quel est le principe d’un dessin à l’aveugle? Eh bien c’est simplement de faire son dessin en ne regardant que le modèle sans poser les yeux sur la feuille. Pas évident hein? Je vous donne dans cet article un petit aperçu de cette technique et expose quelques unes de ces qualités (avec quelques dessin sympas).
La grosse difficulté
La première est évidemment de perdre complètement ses repères sur sa feuille. On ne sait pas vraiment où va le crayon et à quoi ressemble le dessin.
C’est un bon moyen de se faire confiance et de repousser les limites de sa concentration. Si vous rêvassez en même temps, votre croquis ressemblera à tout sauf à votre modèle, mais vous ne serez tout de même pas quitte dans le cas inverse. Parcourir avec précision les détails de la personne que vous dessinez ne garantira pas une esquisse bien construite.
Le but de cette manière de faire est justement de ne pas construire (en tout cas pas avec les moyens dont vous avez l’habitude) mais de faire intervenir une grande part d’aléatoire et de “lâcher prise”. Contrairement aux dessinateurs très minutieux qui recherchent le rendu hyperréaliste du bout de leur critérium (donc à faire le travail d’une photocopieuse mais en plus de temps), ici il est question de prendre des risques.
Premier risque : d’avoir son habilité au crayon mis à l’épreuve (et son égo au passage)
Seconde risque (qui découle du premier) : de ne pas faire un “beau” dessin, c’est-à-dire ni un dessin ressemblant, ni cohérent mais déformé et déconstruit.
Les bonnes surprises
On ne sait jamais quel rendu on va avoir. Il n’y a aucune certitude de créer une réalisation qui correspond à nos critères (et donc agréable à regarder).
Le plus souvent ce qu’on a fait ressemble à des gribouillages mais quelques fois (et c’est ce qui est très plaisant) on est surpris de la précision de notre dessin.
La sensation que procure cette surprise ressemble à celle que l’on a lorsqu’on reçoit un cadeau sans que l’on s’y attende. En ce qui me concerne c’est un sentiment proche de l’émerveillement .
Prenez ce dessin par exemple. Je l’ai commencé en le dessinant à l’aveugle. Ensuite lorsque je l’ai regardé j’ai été amusé de voir que j’avais fait un buste aussi large dans le croquis puisque le modèle était très maigre…
J’ai rajouté le visage et la canette dans la main par la suite. Dans la mesure du possible, j’essaie de ne pas retoucher les lignes déjà tracées pour garder l’aspect “frais” du dessin mais d’ajouter des détails là où il y a des vides.
Ici j’ai suivi uniquement les contours de la femme qui prenait la position. J’ai surtout remarqué le rapprochement des épaules du fait de sa posture et je l’ai accentué sans m’en rendre compte.
Un autre dessin que je trouve très amusant. En vrai, la personne avait une démarche beaucoup moins inclinée que celle-ci mais j’ai gardé en tête que sa manière de marcher était très atypique. Il me semblait qu’il allait basculer en arrière à chacun de ses pas.
Astuce pour tricher un peu mais pas beaucoup…
Il y aura de nombreux essais où le modèle ne sera pas cadré. Forcement lorsque l’on ne regarde pas où on trace, il y a le risque qu’on aille très vite en dehors de la feuille. J’ai une petite astuce pour diminuer le risque de vous retrouvez à dessiner dans le vide.
Il s’agit simplement de laisser un des doigts au contact de la feuille en même temps que le crayon. Ce contact permanant avec la feuille vous donnera une idée plus claire de la manière de la direction qu’emprunte le mouvement de la main et le second avantage est qu’il vous averti que le bord du carnet est proche puisque le frottement sera interrompu.
En gros, du moment que ce doigt frotte le papier, on sait qu’on est dans le cadre.
Gardez le contact même lorsque vous levez le crayon pour continuer à sentir la position de votre main sur le carnet.
Voilà pour ce que j’avais à dire sur le dessin à l’aveugle. C’est vrai que ça demande un peu de pratique et une bonne dose de patience pour avoir des résultats sympas mais si vous la pratiquez vous aurez obligatoirement des bénéfices au niveau de votre qualité d’observation et de votre spontanéité.
C’est une pratique pas très répandue, peut être qu’elle intéressera vos amis. N’hésitez pas à partager l’article sur facebook ou Google +. 🙂
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Super ludique, merci pour vos explications
c’est pas simple
J’avais un bouquin qui s’intitule: dessiner grâce au cerveau droit! Il parlait de cette technique et je m’étais beaucoup amusé avec cette approche complètement libre.
C’est sans doute la base de tout bon dessinateur caricaturiste! Tu as raison, Roy, de démystifier cette approche: peu importe le résultat, il faut vraiment s’amuser et découvrir le cadeau de l’imprévu.
C’est d’ailleurs toute l’approche consacrée au fameux “cerveau droit” qui est notre part créatrice, à l’opposé de notre “cerveau gauche”, régi par notre conscient qui veut à tout prix dessiner selon un processus beaucoup plus académique.
Je te rassure, c’est hyper dur pour un dessinateur confirmé aussi.
En tout cas ça ajoute du piment et de la difficulté aux dessins 😉
Hum ça m’a l’air vraiment difficile pour une débutante !
Bonjour !
Je pratique le croquis à l’aveugle, et je partage tout a fait ton avis sur le sujet.
Les résultats sont étonnants et cela demande une bonne dose de concentration sinon, c’est n’importe quoi.
Je conseillerais d’éviter cependant de s’entrainer sur des visages de modèles vivants, le rendu pourrait être moins flatteur qu’un croquis “normal” et blesser l’amour-propre d’un modèle non préparé à ce type de résultats. Ce n’est pas le but !
Les animaux sont des modèles très agréables pour cet exercice 😉
A bientôt.